Vers ces temps désuets j'irais Ces temps de magie et de vertige Je m'enfouirais. Souffrir et vivre seront même musique Quand soudain une éclaircie ouvrira le ciel.
Un à un, nos pas nous rejoindront J'irais à toi Au pied des montagnes Rêver, prier, pleurer, Cueillir les herbes rares Qui soignent la mémoire
Mes pas s'éloignent de toi, Cette brûlure sur laquelle le vent souffle Cet envol de mémoire C'est toi, mélodie discordante, Je te chanterai, je te chante, Tes accords seront amples Et si parfaits d'être imparfaits J'en pleurerais Et si violents, Je me briserais, Et si doux, et si tristes, Je te protègerais, Jusqu'à cette félure en moi Je te donnerais... Au delà ... Jusqu'à l'éclaircie, les champs ouverts, Jusqu'à la mer.
Cherche-moi au delà de toi, Ouvre tes yeux clairs Donne-moi à voir... ... Ton silence et tes regards D'animal effarouché Je ne peux pas te faire de mal J'ai le coeur prisonnier.
Je veux boire de cette eau de puits claire Dans ta main douce d'animal prisonnier. Un sort nous est jeté : Aussi mal aies-tu pu avoir Aussi mal aies-tu Tu iras boire D'autres eaux claires à d'autres fontaines.
- Je veux boire, dit le prisonnier, De l'eau qui oublie C'est pourquoi je bois Toutes les eaux du pays J'ai si soif d'oubli Et la dernière gorgée Me redonne la mémoire... Autant boire toute l'eau de la mer Pour chasser ce goût amer.
- Bois, dit la fontaine, Bois ce que pourras, Je suis fontaine blessée, Condamnée à couler Les larmes amères Sans jamais cesser, Nul soleil ne peut m'assècher.
Je suis le chagrin Celui de l'enfant qui ne comprend pas. Je suis le chagrin du monde Et tu me bois, tu me bois Jusqu'à la lie. Et un matin, Demain déjà tu t'éveilleras : - Où mène ce chemin clair Vers quelle grondante rivière, fraiche promesse Qui me désaltèrera ?
Aux matins du monde, pare mes bras de dentelle noire Puiqu'ils demeurent moirés de tes baisers du soir Laisse mes épaules dénudées, frissonnantes à ton regard Je porte l'empreinte de tes lèvres comme palette de fards.
Aux matins du monde, pare mon visage d'un loup de dentelle noire Au dessus de mes joues creusées, mes yeux cernés brillent et redisent nos nuits Laisse ces veines bleues palpiter et tout ce désir visible qu'elles charrient Appuie sur mon coeur, mon ventre et mes hanches les plus étroits nénuphars.
Aux matins du monde me voici pâle et grâve,désarmée Tu m'a effeuillée de toutes mes peurs une à une Tu as recueillie une à une ces larmes d'oiseau affolé Tu m'as endormie de ta voix d'homme, de tes paroles de plume
Aux matins du monde, je n'ai pas dit je t'aime, tu me l'as reproché Dans toutes mes nuits de femmes, j'ai refermé mes ailes au lieu de les déployer Cette nuit, j'ai osé t'offrir tout ce que je ne suis pas sûre de posséder J'ai abdiqué ma liberté sans me l'avouer, mais tu me l'avais donnée.
Aux matins du monde, me voilà parée De dentelle, de plumes, de nous murmurés. Je ne vux que ton rire, ta joie comme seuls bijoux. Aux matins du monde, habillée de ton amour, je prononce le premier "Nous"...
A tous ceux qui disent, qui parlent de ma peine Je dirais que je ne suis pas au bout de mes peines
Ma toute brisure, ma toute endormie Ma toute belle, ma toute Ophélie Il faudraque tu comprennes quand tout est fini Les rires et les chagrins et l'oreiller rouge, Il faudra bien que tu t'en ailles Puisque tu es déjà parti Et si dans ma tête plus rien ne bouge La nuit je caresse cette longue entaille.
Ma peine, ma petite peine Ma coupe pleine Ma toute belle Mes yeux gonflés, ma veille Ma toute hérissée, mon inquiète, Ma joie, ma grande Mon insolente.
Sans peine, te quitterais-je ma peine, Qui me tient si bien quitte Te quitterais-je sans peine? Qui de nous deux quittera l'autre? Qui de nous deux aura la vie sauve?
Mais voilà que ma peine ne tient plus à moi Et voilà que ma peine et moi sommes en froid Et voilà qu'elle s'en va sans peine "J'en ai marre de toi" dit-elle. Et me voilà devant vous Et vous ne me trouvez pas belle Pas belle du tout. C'était elle, ma peine qui était belle Avec tout ce sang dans les veines Elle m'a tout pris Et puis elle est partie.
Mais la voilà qui se ramène Ma toute chienne Ma toute belle Ma toute endormie Ma coupe pleine Ma toute insomnie Ma toute hérissée, ma violente Mon insolente, ma superbe urgence,
Tu pèses sur mon coeur Tu me comptes les heures Tu m'appelles Tu me décèles Au fond de mes nuits Je te grâve, je te prie Viens, fuis Aimes, déchaines Tes envies Pleures, cries
Viens, fuis Nous sommes en vie Peine mienne Peine chienne Ce soir fais furie Ce soir fais envie
Danse sur moi Défais tes voiles Danse-moi Nous somme pâles Ce soir je te veux aimante Ce soir je te veux troublante.
Raconte-moi des histoires De vampires du soir Raconte-moi tes ensorcellements Moi je te dirais comment
Je te ferais partir Je te ferais mourir Bien sûr tu renaîtras Bien sûr tu me chercheras.
Mais ce soir, je me fais la belle La belle sans peine Je ne te suis pas fidèle Ce soir je fais des miennes.
La chair des fruits tremble La chair des fruits semble Plus lisse et plus fondante Quand ton regard se lève
Et ouvre les chemins. Tous les mystères m'apparaissent si vains Quand tu imposes ton visage à la sérénité Et que s'éparpille ton rire en volée de moineaux.
L'homme que j'aime a de grands yeux dodus Chauds croustillants, des croissants de lune Juste retirés du ciel, dans lesquels Luisent encore des rayons de fournaise
Je reste là, stupéfaite, ravie me délectant De ces nourritures terrestres, succombant Dans ce jardin de délices au chant d'oranges Qui doucement émane du silence
Lorsque sa voix retentit, je ris abasourdie Par l'écho en moi qui la démultiplie Je compte les collines qui se renvoient les sons J'imagine les forêts qui feutrent sa voix
Lorsqu'il me regarde, il me fait femme Lorsqu'il s'éloigne, je suis sa dame Lorsqu'il s'approche, je m'enflamme Lorsqu'il m'atteint, c'est à l'âme
Ce que j'aime en toi c'est l'autre Ce que j'aime dans la vie c'est le quotidien et le lointain Ce que j'aime dans le songe c'est réaliser ses rêves sans y penser Ce que j'aime dans la rencontre c'est l'improvisation
Ce que j'aime en nous, c'est l'homme et la femme Ce que j'aime en nous, c'est nos différences Ce que j'aime en nous, c'est ce que ce "nous" assemble Ce que j'aime en nous se conjugue ensemble.
A milieu de mes livres De mes feuilles blanches ou écrites Je surveille le silence. J'écris contre la vitre froide, vite. J'écris comme une douleur glacée, J'écris contre le vide. Il n'y a pas de preuve que je vis Alors j'écris.
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Il faudra vivre, Je le vois dans tes yeux. l faudra vivre... Ma lucidité me rassure, Tient en respect la douleur. J'apprends à vivre. La raison et la peur.
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Ma maison dérangée Ma raison aménagée Une grande pièce vide Que seul l'air gris habite Une échelle de métal qui brille, Une fenêtre fermée qui l'abrite De l'avancée de la nuit.
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Le rouge et le vert Les mots noués en kyrielle Une escabelle vers la trouée du ciel... Que ce soit moi, que ce soit elle J'ai fui toute réalité, Le rouge et le vert... Mes mots avaient pris la couleur de mes rêves J'ai oublié le Juge des Pesanteurs Et des Vieilles Douleurs... Il paraît que je serais rattrapée...
Toute une journée à se baigner dans l'étang... A la nuit, j'ai émergé pour me peigner. Tous ces cheveux en guise de vêtement, Sur la rive je les étends pour les sécher.
J'ai croqué dans ce petit poisson encore vivant Et dans une algue brune comme accompagnement. Les hommes me disent cruelle et belle Ces hommes-là qui coupent les arbres qui me font nacelle.
Ils rêvent, je nage, ils apparaissent, je disparais, Me fonds entre les branches, j'entends leurs bruits d'hommes, Je hume leur peur, je sais comme ils me nomment : "La Folle", c'est moi qu'ils suivent dans le marais.
La terre, j'en ai été exclue, l'eau est mon repaire. Ils m'ont souhaitée nue, mais je suis vétue. Ils m'ont souhaitée rebelle, je suis revenue. L'un d'entre eux me conviera-t'il, moi, l'étrangère?
M'offrira-t'il du pain, une chanson, un feu pour me réchauffer? Saura-t'il qu'autrefois j'étais humaine de chair et de sang? Saura-t'il qu'autrefois j'habitais dans les bois, une maison? Connaîtra-t'il le désir qui me hante? Saurais-je l'aimer?
"Puissante et froide" me pensent-ils, comme la mort, la vengeance. J'ai noyé mon chagrin dans les eaux mouvantes avec aisance, Choisi de mourir par désamour, mais qui me permettra de renaître A la paix, à l'amour, à la terre; qui saura me reconnaître ?
Des temps anciens sans cesse je reviens Je ne suis ni folie ni mythologie Je suis le fruit de toutes vos tragédies Je cherche en vain parmi vous l'humain.
Chut... Et rechute, L'air vague Et le nerf Sympathique. L'air élastique D'un nerf Qui claque.
L'aprés-midi d'un tigre Qui bute, qui broute L'herbe vague, Amère. L'air sympathique Mais Les nerfs...
Un tigre mal-rayé Derrière ses barreaux, Un tigre mal-barré Dans l'Exotic-Zoo Un tigre mal-voyant Et voyeur Un tigre représentant- Voyageur Un tigre voltigeur A l'échelle des douleurs.
Un tigre anorexique Rongé de tics Et de terreurs. Un tigre anarchiste Que l'on taxe D'aquoiboniste. Un tigre apathique A l'indolence Insolente.
Un tigre aphasique De Wernicke A qui, des mots, Le sens strict Acquis, n'est plus. Un tigre qui jargonne Marmonne Anonne Bougonne.
Un tigre atypique Qui diffère De la norme Du pauvre type. Un tigre bourré d'aspirine Et de barbituriques. Un tigre Qui attend Patiemment L'occasion De redevenir Méchant...